On se demande très régulièrement quel peut être le « secret » de l’intérêt toujours croissant porté au Festival de chant grégorien de Watou. C’est d’abord le thème lui-même : le chant grégorien qui est la forme musicale la plus pure qu’on puisse se représenter. Il procure un repos bienfaisant, même lorsqu’on ne comprend pas le latin. C’est un chant universel, vieux de quinze siècles mais toujours actuel et ce, dans des cultures très diverses. Car cette musique s’adresse aux sentiments propres à tout être humain : amour, joie, inquiétude, résignation, angoisse, espoir ou confiance. Le grégorien est comme une onde de sentiments qui n’a rien à voir avec la fréquence numérique ou les ondes digitales ; il répond parfaitement à une grande faim de spiritualité et d’intériorité.
Le grégorien est le son du silence, une musique pure et fascinante qui relève du mystère et même de la mystique. Grâce à sa profonde spiritualité et sa grande intériorité, il nous pousse inexorablement vers l’approfondissement spirituel. Pour beaucoup, ce chant est l’écho de l’éternité. Les mélodies comportent une beauté intérieure presque insaisissable ; elles reflètent les mots comme de véritables icônes, car la musique et le texte sont réellement en symbiose.
Le grégorien est d’abord un chant liturgique : il touche la sensibilité, il conduit au silence, et possède une grande force mystique. Le beau et le sacré sont parfaitement intégrés dans le chant grégorien, en telle sorte que celui-ci peut être considéré comme une fresque, une mosaïque ou une icône, anticipation de la Beauté éternelle.
Watou sur les vagues du réveil musicologique du chant grégorien
D’un point de vue musicologique, le grégorien suit une pente fortement ascendante. La majorité des chœurs qui y participeront sont professionnels, semi-professionnels ou encore issus d’écoles supérieures de musique. Vingt groupes sont des ensembles professionnels ou sont basés dans des conservatoires ou des centres musicaux, ce qui contribue à rehausser le niveau.
Même si le répertoire grégorien est très ancien, le chanter ou l’écouter ne peut que nous rajeunir.
D’une part, on constate dans le grand public, tant en Belgique qu’à l’étranger, une redécouverte de la force méditative et de l’élévation musicale du chant grégorien. D’autre part, le niveau des exécutions, tant par les groupes amateurs que par les groupes semi-professionnels ou professionnels a progressé à grands pas dans le monde entier. Dans de nombreuses écoles ou conservatoires, les manuscrits les plus anciens font l’objet d’études et d’analyses fouillées et les découvertes qui y sont faites sont mises en pratique par un grand nombre d’ensembles qui se consacrent au grégorien ou à la polyphonie naissante.
Les organisateurs du festival ont bien pris en considération ces deux phénomènes en créant un forum de rencontres et de présentations où les acquis de cette musique et les nouvelles perspectives concernant l’interprétation peuvent être proposés à un large public. Le Festival de Watou occupe à cet égard une place particulière qu’on ne trouve nulle part à une telle échelle.